The Stone Lantern

Sunday, September 17, 2006

Les haïkus et la maladie

Une des expériences la plus touchante pour un écrivain est quand quelqu’un qu’on ne connaît pas prend le temps de nous contacter pour nous dire qu’il a aimé notre livre. Dans mon cas, le chapitre de mon livre qui apparemment a marqué les lecteurs le plus est chapitre 13, Withered Fields. C’est dans ce chapitre que M. Furuhata me parle des haïkus qu’il a écrit quand il subissait une opération de reins, et que moi j’explique la tradition japonaise de l’écriture de « haïkus de malades » et de « haïkus de fin de vie ».

Il y a eu, par exemple, la personne avec un cancer pancréatique qui, selon une amie, a trouvé quelques moments de paix en lisant mon livre. Quand on apprend quelque chose comme ça, on cesse de compter le nombre de livres qu’on vend.

La semaine dernière, j’ai reçu un courriel d’un homme de quatre-vingts dix ans ( !) qui, après avoir lu mon livre, voulait m’écrire pour me raconter son expérience il y a trois ans, écrivant des haïkus pendant sont séjour à l’hôpital après une opération cardiaque. Mr. R. Dean Tribble est un poète et il m’écrit qu’il avait cru que ces longues journées dans hôpital auraient été idéales pour sa poésie. (“On peut penser qu’étant dans un lit à hôpital, avec quelqu’un qui veillait à tout mes besoins, la muse aurait versé pleines d’idées dans ma tête pour des sonnets, villanelles, et vers libres. Mais non. J’ai gaspillé presque un bloc-notes entier avant de délaisser ce projet. Et je m’en plaignait.”)

Puis, un jour, toujours à hôpital, il parait qu’il a commencé à écrire non des vers longs, mais des haïkus:

HAIKU REFLECTIONS FROM A HOSPITAL BED

The nurse, an angel
in robe of white, brings a pill
filled with summer days

the leg stripped of veins
mourns loss of mobility
bounce of July grass

faces filled with love
shine down like April showers
nourish aching heart

Il m’explique qu’après avoir écrit ces haïkus son attitude a changé immédiatement, et il se sentait vraiment bien. Malheureusement, dès qu’il sorti de hôpital, il cessa d’écrire de haïkus. Il termine son courriel en me disant qu’aujourd’hui il écrit des haïkus de temps en temps, surtout quand il attend un médecin, « une situation qui arrive assez souvent à mon age » !

N.B. – Poésies citées avec la permission de l’auteur.

P.S. – Si quelqu’un voudrait tenter la traduction des haïkus de M. Tribble, ne vous gênez pas ! Envoyez-moi vos suggestions.

1 Comments:

  • Bonjour Abigail Friedman,

    cette histoire de haïjin hospitalier est plus belle qu'une fiction. Je n'écris des haïkus qu'en bonne santé. Mais j'admets que cette opiniâtreté à en écrire encore depuis 25 ans est peut-être une sorte de maladie.

    Cordialement, Jean Antonini

    By Anonymous Anonymous, at 9:28 AM  

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