Les langues et le haiku (en français)
Il y a quelques jours, j’ai écrit que je voulais aborder une question évoquée lors de mon discours le 20 juin au Centre japonais d’information et de culture, à Washington. La question qui a été posé est la suivante : est-ce que les spécificités d’une langue mènent à des haïkus particuliers à cette langue ?
Cette question mérite une analyse profonde mais, vu que j’écris un blog, je vous offre une réponse plutôt limitée. J’espère néanmoins stimuler vos réflexions sur ce sujet.
Quand j’étais au Japon, les haïkus qui possédaient un certain degré d’ambiguïté m’intriguer. Pas tous les haïkus japonais sont ambigus, bien sûr, mais ceux qui incorporaient de l’ambiguïté par la manière dont ils étaient écrits me fascinaient. Par exemple, voici un haïku composé par Shuoshi (1892-1981) :
Hagi sakeri asama o noboru kumo midare
En anglais, je le traduis comme:
bush clover in bloom -
climbing Mount Asama
clouds scattering
En français, peut-être:
trèfle en fleurs --
grimpant Mont Asama
les nuages se dispersent
Mais, qu’est ce qui grimpe Mont Asama ? Le poète ? Les nuages ? Ce n’est là pas une question de traduction, mais d’interprétation. Une connaissance japonaise m’a expliqué que bien sûr c’était les nuages qui grimpaient puis se dispersaient, parce que le verbe noboru est dans une conjugaison qui fait que le mot devient un adjectif lié au mot suivant (nuages). Mais une autre connaissance japonaise m’a dit «Non, je pense que c’est l’auteur qui grimpe et il arrive au sommet, puis voit les nuages qui s’éparpillent, vite, au-dessus de lui. »
J’aime en anglais écrire des haïkus avec ce même ambiguïté que je trouve amusante, rafraîchissante. Mais la réaction des gens n’est pas toujours positive. J’ai le sentiment qu’en anglais, ce type de haïku est vu comme étant moins avancé, moins développé qu’un bon, « vrai » haïku avec ces fameux deux images qui contrastent, et qui réveille par leur clarté, leur honnêteté.
Est-ce là une différence linguistique ? Moi, je dirais « oui ». La langue japonaise est pleine d’ambiguïté. Ceci est vu au japon d’une manière plutôt positive et un haïku qui intègre un certain degré d’ambiguïté est perçu comme plaisant au Japon. Par contre, aux Etats-Unis, la langue américaine est directe, active. Nous sommes fiers de ça, et nous aimons voir ceci dans notre prose et nos haïkus.
Je vous ai offert un petit exemple seulement. Comme j’ai dit au début, dans un blog, on ne va quand même pas écrire une thèse de doctorat. Mais j’aimerai bien lire vos perspectives sur ce sujet.
Cette question mérite une analyse profonde mais, vu que j’écris un blog, je vous offre une réponse plutôt limitée. J’espère néanmoins stimuler vos réflexions sur ce sujet.
Quand j’étais au Japon, les haïkus qui possédaient un certain degré d’ambiguïté m’intriguer. Pas tous les haïkus japonais sont ambigus, bien sûr, mais ceux qui incorporaient de l’ambiguïté par la manière dont ils étaient écrits me fascinaient. Par exemple, voici un haïku composé par Shuoshi (1892-1981) :
Hagi sakeri asama o noboru kumo midare
En anglais, je le traduis comme:
bush clover in bloom -
climbing Mount Asama
clouds scattering
En français, peut-être:
trèfle en fleurs --
grimpant Mont Asama
les nuages se dispersent
Mais, qu’est ce qui grimpe Mont Asama ? Le poète ? Les nuages ? Ce n’est là pas une question de traduction, mais d’interprétation. Une connaissance japonaise m’a expliqué que bien sûr c’était les nuages qui grimpaient puis se dispersaient, parce que le verbe noboru est dans une conjugaison qui fait que le mot devient un adjectif lié au mot suivant (nuages). Mais une autre connaissance japonaise m’a dit «Non, je pense que c’est l’auteur qui grimpe et il arrive au sommet, puis voit les nuages qui s’éparpillent, vite, au-dessus de lui. »
J’aime en anglais écrire des haïkus avec ce même ambiguïté que je trouve amusante, rafraîchissante. Mais la réaction des gens n’est pas toujours positive. J’ai le sentiment qu’en anglais, ce type de haïku est vu comme étant moins avancé, moins développé qu’un bon, « vrai » haïku avec ces fameux deux images qui contrastent, et qui réveille par leur clarté, leur honnêteté.
Est-ce là une différence linguistique ? Moi, je dirais « oui ». La langue japonaise est pleine d’ambiguïté. Ceci est vu au japon d’une manière plutôt positive et un haïku qui intègre un certain degré d’ambiguïté est perçu comme plaisant au Japon. Par contre, aux Etats-Unis, la langue américaine est directe, active. Nous sommes fiers de ça, et nous aimons voir ceci dans notre prose et nos haïkus.
Je vous ai offert un petit exemple seulement. Comme j’ai dit au début, dans un blog, on ne va quand même pas écrire une thèse de doctorat. Mais j’aimerai bien lire vos perspectives sur ce sujet.
2 Comments:
My French never got past 3 years of high school and a year in college, so I am enjoying reading your blog in French. Your discourse on ambiguity in haiku I'm sure was not meant to include my own uncertainty over the meaning of a French word or construction here and there! The sort of soft intentions you like in the Japanese haiku is often attempted in English by that annoying habit of dropping articles and abbreviating pointers, producing the sort of "pidgin" haiku that sounds so forced and foreign. There are always puns I suppose, but those become word games.
By Anonymous, at 11:41 AM
Thanks, Peter. My intention is to post my entries in both languages, but after I posted the French version, I decided to reward myself with a swim at the local pool and a walk through beautiful downtown Quebec City. You'll get the English AFTER the world cup final, mind you! Italy just barely missed a goal, I gotta go back to the game. A tout à l'heure!
By stonelantern, at 12:14 PM
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